Saturday, March 23, 2024

Appel à textes pour les 20 ans de "Traction-brabant"


Vous trouvez pas que ce radar ultra moderne se sent un peu seul ?

Pour fêter les 20 ans de "Traction-brabant", qui vient de dépasser les 100 numéros avec sa vieille guimbarde de carrosserie, vous êtes invité(e)s à écrire sur : "Et les radars alors ?". 

En effet, comme vous le savez (ou pas), T-B a le même âge que ces gracieuses boites qui fleurissent nos jolies routes.

Envoyez donc vos contributions (poèmes en vers ou en prose) à p.maltaverne@orange.fr qui vous flashera à l'arrivée, avant le 31 mars 2024. 

Pas de limite de caractères, mais une limite de longueur : une seule page de format A5.

Les poèmes retenus seront publiés dans le poézine papier, prévu pour le printemps prochain.

Au plaisir de vous lire !

Incipits finissants (107)

J’aime avoir beaucoup écrit pour une raison toute simple : ne plus me souvenir de mes poèmes. Il y a trente-cinq ans, ça n’aurait pas été pareil. Je me serais repassé le même disque, faute de mieux ! Tandis qu’à présent, mon problème est résolu. Faut que ça serve à quelque chose de pratiquer un sport identique durant des années !

À ce propos, quelle mémoire pourrait stocker ces tonnes de mots ?! Bien entendu, je préférerais les connaître par cœur ! Mais pas possible, en plus de n’avoir pas les minutes disponibles pour m’y atteler.

Alors, je me console en relisant parfois mes anciens textes. Pendant ce temps-là, je n’écris pas. Toujours ça de gagné ! Et là, surprise !

Je n’arrive plus à me rappeler ce poème que j’ai écrit il y a juste cinq ans ! Trop génial ! Comme si je lisais vu du ciel ! En effet, plus les mots sont lointains, plus ça fonctionne ! C’est du moins l’impression que cela me procure. Un peu de plus et mes vers auraient été écrits par quelqu’un d’autre. Je ne comprends pas les auteurs qui paraissent s’aimer tout le temps tels qu’ils sont. Moi je préfère m’aimer quand ce n’est pas moi.

Dans ce cas, un tel langage passe pour plus habile et souple, semblant avoir été largué à fond la caisse par quelqu’un de très jeune. Comme si leur auteur ne s’était pas attardé dessus, que ces poèmes étaient susceptibles d’appartenir à tous, qu’ils étaient neufs.

L’effet produit est encore meilleur lorsque les textes en question ont été publiés. Dans une telle hypothèse, il n’y a aucune trace d’écriture manuscrite, Et ce livre, je ne m’en souviens pas davantage, tellement mes pensées ont passé depuis sa publication. J’aurais presque les moyens de le réécrire en partant d’un point identique pour me diriger vers autre chose.

Je plains les auteurs vite rassasiés, une fois ce constat effectué. Ils oublient la chance qu’ils ont eu d’avoir été publiés, ce qui ne leur sert à rien, puisque leur soif de reconnaissance ne peut être comblée.

Pour ma part, découvrir un poème déjà publié équivaut à de nouveau exister, Plaisir gratuit ! Illusion totale ! Tant que l’imagination vole plus loin que les mots, cela me suffit…

P.M.

Numéro 107 de "Traction-brabant"

 

Le numéro 107 de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont également disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Ce numéro 107 est également disponible sur Hello Asso : 

Présentation

"TRACTION-BRABANT" (alias T-B pour les intimes) est un fanzine d'écriture, de poésie et autres textes courts, créé en janvier 2004 par Patrice MALTAVERNE (conception, écriture, choix et mise en page des textes) et Patrice VIGUES (illustrations).

"TRACTION-BRABANT" existe aussi et surtout sous sa version papier à une cent soixante-dizaine d'exemplaires par numéro. Le poézine est à parution aléatoire, quoique... si tous les deux trois mois, les combattants sont en forme, un nouveau numéro sort de leur tanière.

"TRACTION-BRABANT", aujourd'hui publié par l'association Le Citron Gare, ne demande aucune subvention, le poézine a juste pour but de faire circuler à son modeste niveau une poésie pas trop classique ni trop molle surtout, ainsi que de véhiculer certaines pistes de réflexion, sans pour autant qu'il ne soit tranché dans le vif.

Plus précisément, à l'origine, TRACTION-BRABANT est la contraction de traction avant, l'auto et de brabant double, la charrue à double soc. Cela montre avant tout notre nostalgie pour ces vieux objets mécaniques ainsi que notre méfiance par rapport à un progrès non mesuré...

Les auteurs (poètes, illustrateurs) présents dans "TRACTION-BRABANT" sont plus de cinq cents, d'après les dernières stats.

Ce blog a pour but de reproduire des extraits du zine sous sa version papier et de faire connaître davantage ce que nous faisons....

"TRACTION-BRABANT" s'efforce d'encourager ses participants à des échanges de textes et d'idées et pourquoi pas à de possibles rencontres.

S'il vous plait, n'envoyez jamais plus de 10 pages format A4 (en un seul fichier et format Open office ou Word, de préférence) si vous contactez le poézine. 

À l'inverse, jusqu'à preuve du contraire, et contrairement à la majorité des revues de poésie d'aujourd'hui, aucune thématique n'est imposée dans "TRACTION-BRABANT". C'est la liberté chère au poète (du moins, je le crois) qui prime, et puis aussi, cette certitude que le poète peut trouver lui-même de quoi il a envie de parler quand il écrit…

P.M.

Contact pour l'association Le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Dans le bocal

De Dennis Crowch (extrait de T-B 94)

 
De l’irréalité en rasade

Toujours plus d’échappées par la tangente narrative de substitution. Cas critique de littérature de fuite, un penchant compulsif pour la réponse imaginaire, le délire plutôt que la médiocrité du dialogue avorté à répétition. Une nouvelle rasade, et encore une tiens. Une addiction aux épanchements coupables de la langue. De mystérieux courants d’électricité mentale. Des bouffées de sentiments incongrus. Éclatement de pensées parasites dans une cacophonie mentale. Les refuges de l’irréalité se dissipent trop souvent. Les lettres des mots se désolidarisent.
 

"L'ANCRe NOMaDe", de Jean-Marc Feldman

Je vous présente le blog de Jean-Marc Feldman, qui s'intitule "L'ancre nomade".

Il s'agit, de toute évidence, d'une publication très riche, reflet d'une vie elle-même très riche, dans laquelle alternent images (photographies le plus souvent) et poèmes tout à la fois lyriques et préoccupés par ce qui se passe à l'extérieur. Bref, une "ancre nomade" !...

On y trouve quelques vidéos.

Bref, un blog comme aujourd'hui, en 2024, on n'en trouve plus souvent...

Pour aller y voir, c'est ici.

Un Iro coi de Patrice VIGUES


Malta compil 1997 : "La nuit est protégée..." avec lecteur mp3)

Encore un single de 1997 extrait d'un magma de poèmes intitulé Samson. Le poème n'est une fois de plus pas trop réjouissant, vraiment alone (que voulez vous !), sur une musique de Quadratus : Rethba Sida (période 3), importée de Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/:

La nuit est protégée par cette femme
Qui ouvre son tombeau de partout
Et nous accueille
Avec des larmes sur le plancher
Vite essuyées
A l'heure où l'horizon plus lointain est tenu
Pour la seule preuve de sécheresse

Pourtant je saute un dernier mur
Avant d'aller d'abord vers l'inconnu
Les paroles n'ont pas besoin de musique
Et la femme reste là
Comme si elle n'avait pas de corps

Une seule âme est entrée
Par le verrou de la porte du deuil


De Lancelot Roumier (extrait de T-B 93)

 
la place que ça peut prendre
dans la matière noire
nos chemins de terre
ou de bitume
c'est pareil
ça ne compte presque pas
dans les nébuleuses
les galaxies
mais c'est là
un rien fait de choses
entre les choses

"Houel 341", image d'Alain Minighetti


 

D'Eli Desantis (extrait de T-B 96)

 
Faire son trou
 
Dans la terre
nous creusons des trous
immenses
l'enterrement est sans cesse repoussé
d'ailleurs on ne sait pas qui l'on enterre
mais on continue de creuser en rond
des trous beaucoup trop grands pour nous
c'est une étrange fièvre qui nous mine
la terre avale des bulles d'air
on a les yeux plus gros que la lune
quand il s'agit de faire son trou
dans le noir
on avance
on roule nos pelles dans la terre
à la recherche d'un infini
qui se dérobe en même temps que le sol
 

Image de Jean-Marc Couvé


 

De Mehdi Ghassemi (extrait de T-B 104)

Un Monde de Clé


On vit dans un monde de clé
Je n'y comprends plus rien
Un monde où l'on veut tout fermer
À double tour, ce serait bien
 
Clé passe partout
Gare aux voyous
Clé de voiture, clé de garage
Toujours fermé, c'est bien plus sage
 
Clé des champs
Pour les brigands
Clé de cadenas
Pour les malfrats
Clés à menottes
Tu vas en pote
 
Clé de boîte aux lettres
Clé de coffre-fort
Tu ne sais où les mettre
Si tu les trouves, tu es très fort
 
Clé d'armoire
Glissée au fond du tiroir
Clé de porte, clé de verrou
Dur à ouvrir, quand tu es soûl
 
Mais pour tant de clés
Il serait bien plus sûr
Si vous voulez fermer
D'avoir autant de serrures

Image de Pierre Vella et en son hommage




 

"POéSie, VeRs et pRoSe - Poésie. Cherche l'épure" de Laurence Fritsch

Dans le blog de Laurence Fritsch, venez retrouver, entre autres, ses nano-poésies, des poèmes très courts, non seulement en ce qui concerne leur longueur totale, mais également coupés à l'intérieur de chacun de leurs vers. 

Ces poèmes traduisent ainsi la virtualité galopante de notre monde moderne et en même temps, contribuant à remplir le mot d'ordre de cette publication : "Cherche l'épure".

C'est ici, l'autre dimension.


Traction-brabant 107

 
La ligne éditoriale. Voici longtemps qu’elle me taraude, celle-là. Cependant, rien à faire : je ne m’y habitue pas ! Car cela ne me semble pas significatif pour la publication d’un texte. Et surtout, je trouve qu’il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Bien sûr, la ligne éditoriale fait vendre. Il est plus facile de fidéliser des clients quand des choix identiques sont reconduits par les éditeurs : de quoi se demander si la nullité ne disparaîtrait pas derrière la répétition ?...

Tandis que sans fil conducteur apparent, les pistes sont brouillées. Nos lecteurs ne savent pas, lors de chaque nouvelle parution, sur quel pied danser. À chaque fois, il faut recommencer de les séduire.

Hélas, je suis persuadé que, derrière le primat accordé à une sélection drastique, se cache l’étroitesse d‘esprit d’un éditeur qui n’aime, en fin de compte, qu’un style unique.

S’il avoue ne pas apprécier grand-chose de la production pléthorique actuelle, donnant ainsi dans l’élitisme, le voilà qui se place d’emblée au-dessus de la mêlée, tel un juge arbitre du présent. Du coup, son voisin, afin de ne pas être en reste, peut agir de manière équivalente et ne pas le concurrencer, grâce à une marotte aux antipodes de la sienne, autant valable ! Absurde !

À l’inverse, en aimant tout, on n’aimerait que l’usuel à la mode. Un tel manque de pouvoir sur les circonstances sied mal à un esprit brillant livré avec ses idées fixes, si possible accompagnées de préjugés obligatoires.

Bref, l’enthousiasme de l’amateur ne colle pas avec le sérieux d’une entreprise, ou bien l’éditeur effectue du négoce de livres comme s’il s’agissait d’autos en miniature !

Enfin, à y regarder de plus près, l’objet d’une passion serait difficile à définir, se résumant vite à des formules formalistes (« travail sur le langage ») ou pseudo-libertaires (« je publie ce que je veux »). Ainsi, à l’arrivée, derrière la ligne éditoriale émerge… sa pauvreté.

Pour ma part, au Citron Gare, je m’efforce d’éditer, depuis une dizaine d’années, non pas celles et ceux qui écrivent de telle ou telle manière, mais qui écrivent bien, programme plus ambitieux.

Quant à « Traction-brabant », pour ses vingt ans d’existence, j’aimerais continuer à dénicher de nouveaux talents, m’excusant par avance, auprès de certains(e)s, de la modestie de mes ambitions !     

P.M.

Wednesday, March 20, 2024

Les blogs de Jean-Claude Goiri

Je vous présente le blog de Jean-Claude Goiri qui retourne aux fondamentaux, puisque son blog s'intitule "Comment c'est un blog".

Derrière ce titre se trouve déjà résumée la caractéristique principale, à mon sens, de l'écriture de l'auteur.

Ce décalage par rapport à la réalité qui produit de l'humour. Ce non-sens léger qui nourrit l'écriture de liberté.

De cette façon, on peut réinventer le monde en entier, comme le fait Jean-Claude Goiri avec sa maison, qu'il a construite de bas en haut, pierres y compris. C'est vrai que l'on est jamais servi que par soi-même souvent !

Pour ouvrir la porte ou rentrer par la fenêtre si ça ne veut pas ouvrir, c'est ici.

Depuis, Jean-Claude Goiri a créé un second blog, qui porte son nom, et dans lequel on retrouve l'ambiance de son écriture et qui propose dans son bandeau liminaire un électrocardiogramme pas tellement régulier, qui est à opposer à des fondations (plus solides) proposées dans la rubrique du même nom : Saint-Exupéry, par exemple.

Thursday, March 14, 2024

De Richard Roos-Weil (extrait de T-B 86)

Arriverons-nous bientôt ?

Un homme enfonce sa tête
Sous une cape noire
Il craint qu’elle ne chancelle
Et qu’il faille la ramasser
La tenir comme une offrande
Il faut aller vite et esquisser
Ces scènes
Ces signes qui s’effacent

Monday, March 11, 2024

"Chemin potier", de Pierre Gondran dit Remoux

Voici un site bien complet : celui de Pierre Gondran, dit Remoux. Intitulé "Chemin potier", le lecteur peut y découvrir tout d'abord des notes de lectures. À ce sujet, il est rare qu'un auteur mette en priorité les textes des autres personnes qu'il chronique. C'est plutôt de ses propres (H)oeuvres qu'il préfère causer aux autres. Raison de plus pour aller y voir.

Le lecteur découvre également les expérimentations formelles des "Vers précipités", "Poésies moléculaires" et autres textes théoriques. De quoi briser la monotonie des vers à la ligne modernes classiques. Une formation scientifique, ça peut servir aussi à la poésie : ne pas tout cloisonner !

Et enfin, vous trouverez les premières de couverture des livres publiés par Pierre Gondran dit Remoux.

Pour prendre le Chemin potier, c'est ici.

Friday, March 08, 2024

Incipits finissants (68)


Rien à faire. Après une lecture d’Artaud, je me dis que la poésie qui me procure du plaisir est irriguée par la tension. Car sans elle, je m’emmerde, je l'avoue volontiers. En affirmant cela, je n'ignore pas que tous les lecteurs de poésie ne partagent pas cet avis, la plupart d’entre eux évitant toute violence, même écrite, comme la peste. Tout simplement parce que cela les fatigue et qu'ils la trouvent néfaste.
D’ailleurs, à y regarder de près, les poètes tendus souffrent du syndrome de l’usure prématurée de leurs piles, d’autant plus que, pour demeurer dans un tel état, il faut être atteint. Et ça ne peut durer très longtemps, soit parce qu’on meurt plus vite que les autres (suicide ou maladie), soit parce que la folie et son corollaire, la révolte, se retirent et nous laissent avec un encéphalogramme plat.
Or, je commence à avoir connu pas mal de ces poètes qui ne s’appellent pas Rimbaud, mais qui m’ont fait rêver avec les premiers textes, avant de s'effacer peu à peu. Il faut croire que comme dans le sport, tout leur jus est sorti d’eux et qu’ils n’ont plus rien à dire, ce qui n’est pas une tragédie, en fin de compte. La tragédie véritable serait de ne plus rien avoir à dire et de continuer pourtant à écrire. Pensez-vous, il s'agit là d'une hypothèse d'école !
Certes, pour durer, rien ne vaut la bonne vieille poésie pépère, qui nourrit ses certitudes de perfections formelle et stylistique. J’en publie parfois et je parviens même à en écrire, car il faut bien survivre et faire vivre le genre, sauf que là ne réside pas mon bonheur profond.
Je ne suis donc pas certain qu’il faille se féliciter d’être un poète pépère. En effet, il n’est pas difficile de durer si l’on est toujours à côté de la plaque. Je ne pense pas non plus qu’il faille se faire maudit pour produire de l’énergie poétique. La tension devrait être plus un état naturel qu’une œuvre d’art.
Le seul truc intéressant me paraît être de se maintenir en éveil. Les exemples ne manquent pas, pour qui sait les voir, d’individus qui n’abdiquent pas dans leurs têtes, sans pour autant en finir avec la vie.
Sinon, il reste l’espoir de saluer l’apparition de nouveaux météores. Car si la tension n’est plus ici, elle se trouve quelque part ailleurs. Et tant pis pour la personne qu’elle traverse. L’essentiel est qu’elle renaisse indéfiniment à toutes les époques devant nos yeux de lecteurs surpris par tant d'inconfort accepté avec tant de fraîcheur d'âme. 

P.M. 

Appel à textes pour les 20 ans de "Traction-brabant"

Vous trouvez pas que ce radar ultra moderne se sent un peu seul ? Pour fêter les 20 ans de "Traction-brabant", qui vient de dépass...